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Audition de Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques

Mardi 21 janvier 2014
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Avant d’exposer ce que devraient être à ses yeux les principales mesures pour engager la France dans une nouvelle orientation politique et économique, Guillaume Duval a dressé un tableau assez pessimiste de la situation actuelle de la France.

 

 

 

 

 

 

Un constat pessimiste

 

Il estime que la politique d’austérité suivie en raison du choix de réduire à 3% le montant du déficit budgétaire a été un frein au développement économique et par conséquent n’a pas permis de réduire le chômage.

La sortie de la récession de la zone Euro est trop faible pour entraîner une baisse du chômage en France et en Espagne. Au sein de cette zone, la France est le pays qui se porte le moins bien.

La gauche française a l’habitude de rendre notamment responsable le coût du capital de l’insuffisance de compétitivité. Mais il faut  voir que le coût du capital est plus faible en France qu’ailleurs.

Pour Guillaume Duval, la crise du mouvement ouvrier est profonde et irrémédiable. Les intérêts des cadres salariés qui dirigent les mouvements politiques et syndicaux sont différents des salariés prolétaires, et ceux-ci se reconnaissent de moins en moins dans ceux qui les dirigent.

Il existe actuellement deux modèles sociaux :

- Le modèle anglo-saxon, qui comporte de très fortes inégalités, que l’Etat ne cherche pas à corriger ;

- Le modèle scandinave où les écarts de revenus sont faibles et où les pouvoirs publics pratiquent une politique redistributrice.

La France se situe entre ces deux modèles, avec des dépenses publiques élevées, mais aussi des inégalités importantes selon les diplômes et les castes et selon l’implantation territoriale.

 

 

Six propositions

 

1 – Faire baisser les coûts de l’immobilier. La France dispose d’une épargne considérable, principalement investie en patrimoine immobilier. Il faudrait réorienter l’épargne vers des investissements plus productifs.

 

2 – Réduire le temps de travail. On peut imaginer d’autres formes de réduction du temps de travail que la réduction hebdomadaire ou mensuelle. Il pourrait être intéressant d’accorder par exemple une année sabbatique tous les 5 ou 10 ans, qui permettrait aux bénéficiaires de se former, de changer d’orientation professionnelle, ou de découvrir des cultures étrangères.

 

3 – Augmenter le pouvoir des salariés dans l’entreprise, en leur accordant la moitié des sièges au sein des conseils d’administration, comme c’est le cas en Allemagne.

 

4 – Rehausser le taux d’imposition fiscale des revenus de manière concertée en Europe, surtout entre l’Allemagne et la France, dans le cadre d’une harmonisation fiscale qui mène une lutte véritable contre la fraude.

 

5 – S’engager dans la transition écologique, car la crise trouve davantage son origine dans l’augmentation du coût de l’énergie que dans les dysfonctionnements de la finance. Il faut investir massivement dans les énergies renouvelables, et s’engager dans un grand service européen du renouvellement des énergies, où il faut investir au moins 500 à 1000 milliards d’euros.

 

6 –Rendre plus démocratique le fonctionnement des institutions européennes, et consentir un transfert de souveraineté des parlements nationaux de la zone Euro vers un parlement de cette zone, qui aurait le pouvoir de décider du remboursement de la dette ou des mesures de relance de l’économie de manière cohérente et solidaire. Ce Parlement de la zone Euro ne serait pas élu parallèlement aux parlements nationaux, mais serait constitué par le détachement de parlementaires de chaque pays.

 

 

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